Congédier le Caliméro en nous

Qui ne connait pas Caliméro ? petit poussin noir coiffé d’une coquille d’œuf à moitié brisée, qui ne cesse de trouver « la vie est trop injuste ! ».

« Sommes-nous tous des caliméros » ? interrogeait Frédéric Worms, chroniqueur sur France Culture il y a quelques semaines. Personnellement, je « suis » de la génération caliméro, celle qui a adoré regarder ce personnage de dessin animé, cet anti héro attachant, posant de multiples questions, énervant aussi tant il était plaintif. Car oui, c’est surtout de l’expression de la plainte que l’on retient de lui : « c’est trop injuste ». Plainte de ne pas être écouté, reconnu, légitimé ; Plainte de se sentir exclu, rabroué.

L’entreprise se fait de plus en plus écho de ces plaintes. Les fonctionnements en mode multi projets, l’évolution de la culture managériale, les modifications incessantes d’organisation, le travail à distance les ont amplifiées. « C’est trop injuste » se répand progressivement parmi les collaborateurs et les équipes. Il s’entend d’autant plus fort lorsque la qualité des relations – celle qui génère reconnaissance, motivation, confiance – s’effrite ou lorsque la suractivité ambiante l’emporte dans l’entreprise sur l’attention portée à soi et aux autres.

Pour Elisa, Directrice Communication, c’est la succession de réorganisation qui l’a conduite à se plaindre de ne pas trouver sa place, de ne pas comprendre les nouveaux jobs proposés, de n’avoir pas été consultée avant un nouveau projet…Chacune des séances de coaching, démarrait toujours de cette façon-là. Jusqu’au moment où Elisa se plaignit de cela et n’en veuille plus dans cet espace coaching qu’elle qualifiait d’«un espace de soutien». Il lui était alors possible de voir que faire de ce Caliméro qui saturait sa vie. Voici un certain nombre de mesures prises par Elisa mais également d’autres clients de coaching pour le congédier, ou tout au moins, lui laisser moins de place :

Oser dire et s’affirmer

Elisa s’est rendu compte qu’elle n’avait pas exprimé son mécontentement lors de la dernière réorganisation, voire qu’elle aurait pu partager plus tôt avec son hiérarchique de ses envies d’évolution de missions et de projets. En quelque sorte, sa responsabilité dans la situation était de s’être laissée faire et dit-elle « d’avoir été un bon petit soldat » et que la solution était s’interroger sur ce qu’elle voulait, ressentait et en parler à son manager plus tôt.

Prendre soin de soi et mieux s’entourer

Ecouter et s’entourer d’autres personnes que « des Caliméro » a été un apprentissage précieux pour Elisa : « détoxifier mon environnement, me sortir des « calimérages » m’a remotivée, arrêter de me faire des frissons en imaginant que tout était contre moi. En me rapprochant de personnes qui ne cultivaient pas la plaint, j’ai évidemment entendu des choses positives sur la réorganisation et des informations intéressantes pour moi ».

Prendre du recul, du temps et devenir stratège

La plainte provient souvent d’un décalage entre les idées et les façons de faire que l’on a et la réalité ou l’évolution des situations. On a tout à gagner à apprendre à s’appuyer sur les situations plutôt que d’aller en contre ou de rester dans une rigidité d’idées préconçues ou d’habitudes.

DAF dans l’industrie, Olivier tenait à ce que son équipe reporte toutes les semaines de leur activité. Or, la croissance de l’entreprise était telle, que cela devenait intenable dans les plannings. Olivier jonglait sans cesse avec son emploi du temps, ruminait et son sommeil se détériorait. « Tout cela est très injuste alors que je me donne énormément pour l’entreprise » se plaignait-il. Il a eu besoin d’attendre et d’observer comment l’activité de l’entreprise évoluait pour, en collaboration avec son équipe directe, bâtir un nouveau mode de reporting. En parallèle, il s’est interrogé sur la façon dont son management jusque-là assez contrôlant, pouvait changer afin d’être plus pertinent dans son job mais aussi d’améliorer son image en interne.

Faire une mise en point

Faire le point sur ce qui fonctionne déjà, se rappeler où l’on veut aller et comment l’on a progressé jusque-là est également une bonne pratique pour repousser Caliméro . Cette mise au point toute simple, Cyrille l’a menée en coaching alors qu’il avait l’impression de tout porter en tant que DRH. En charge de la mise en place du travail à distance dans son entreprise, il s’est rendu compte que son niveau d’exigence l’avait empêché de voir que les objectifs fixés en codir avaient été dépassés. Il ajoutera : « j’étais tellement centré sur moi et ma crainte de ne pas réussir, que je blâmais mes équipes et ne voyais plus tout le travail qu’elles avaient accompli. Nous avons refait le point, d’abord moi qui avec l’équipe. Nos réunions  sont plus constructives et je reconnais les contributions de chacun. »

La plainte de Caliméro a ceci de vertigineux qu’elle peut entrainer une véritable souffrance pour soi et les autres. Cela dit, elle est à écouter, à regarder en face car elle adresse le besoin que nous avons tous de prendre soin de nous, de nous respecter et de prendre soin des autres.

Suivre le lien pour écouter le podcast de Frédéric Worms

Un petit dessin animé de Caliméro ?

 

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