Assumer sa juste autorité

Je propose souvent à mes clients en coaching individuel d’identifier leur style de management « préféré », celui dans lequel ils sont en zone de confort. Cela permet aussi de voir dans quels autres styles ils n’osent pas aller. Souvent, les managers sont débordés car ils ont du mal à déléguer. Le style délégatif est attirant mais réveille la peur de perdre le contrôle ou de se sentir inutile. Souvent le style directif, essentiel dans sa fonction structurante, est soigneusement évité par crainte d’être perçu comme autoritaire. Une majorité de managers se cantonne à un seul style alors qu’il est pertinent d’utiliser tous les styles. Faire évoluer son style en coaching permet d’élargir sa marge de manoeuvre et ses leviers d’action.

Cette question est vraiment d’actualité aujourd’hui que nous sommes reconfinés, en voie d’être déconfinés, mais avec sursis…. Le télétravail questionne la capacité du manager à structurer la mise en oeuvre de sa vision pour son équipe, et à structurer ses pactes de délégation avec chacun. Le travail à distance challenge aussi la capacité à faire confiance mais aussi à s’adapter au niveau d’autonomie de chaque collaborateur.

J’ai bien ri en lisant cet article de Philonomist.com dont je vous livre un extrait : “Dans son essai consacré à La Notion de l’autorité, écrit en 1942, le philosophe Alexandre Kojève (1902-1968) en distingue quatre figures principales : le chef, le maître, le juge et le père. Précisons qu’elles ne s’excluent pas, et peuvent tout à fait cohabiter chez un même homme. En ce moment, notre chef de l’État oscille entre ces quatre rôles, se posant tantôt en stratège du vivre-ensemble (nous devons « réapprendre à être pleinement une nation »), en professeur des écoles (tous en classe !), en magistrat impartial (pas de traitement de faveur pour les plus jeunes) et en gestionnaire des risques (on fait le point sur les lits d’hôpitaux). Non content d’endosser ces différents costumes, notre Président y ajoute d’autres numéros de composition. Il s’improvise tour à tour DRH (comme si on avait besoin de lui pour déterminer le nombre optimal de jours de télétravail hebdomadaires), conseiller en savoir-vivre (pas plus de six à table !), médecin de campagne (« lavez-vous régulièrement les mains »), mère nourricière (distribuant aides et APL comme ma grand-tante à Noël) et enfin garant des bonnes mœurs (il est 21 heures, allez hop, les dents et au lit !). Le point commun à toutes ces injonctions ? Leur caractère paternaliste. Paradoxalement, les entreprises ont compris plus vite que l’État qu’il fallait, en temps de crise, faire preuve de moins de rigidité. Pendant que nos ministres s’évertuent à régenter le moindre détail de notre quotidien, elles s’interrogent sur la nécessité de donner davantage d’autonomie aux salariés. « L’autorité, note Hannah Arendt dans La Crise de la cultureimplique une obéissance dans laquelle les hommes gardent leur liberté. »” 

Assumer sa juste autorité est un enjeu essentiel pour les managers et dirigeants aujourd’hui, en évitant de tomber dans le piège du paternalisme, de l’autoritarisme ou de l’abandon. J’assume ma juste autorité lorsque je crée un cadre relationnel sécurisant autour de règles de vie communes que je modélise en les incarnant, par ex: oser dire, respect, écoute, accueil des idées sans jugement et surtout co-responsabilité des échecs et des réussites de l’équipe. Ayant créé les conditions de la confiance mutuelle, je peux déléguer en sécurité. Et je suis légitime pour être directif si l’une de ces règles n’est plus respectée. Mon autorité est juste si je suis capable de co-construire des solutions ensemble (plutôt que tout seul) et de changer mon comportement si j’entends que cela ne convient pas à l’autre.

Pour vous inspirer, regardez ce cours de philo rigolo et très court . J’aime beaucoup sa conclusion citant le philosophe P.A. Tavoillot : la juste autorité est celle qui “fait grandir celui qui l’exerce et celui qui s’y soumet.”

Article écrit par Chloé Ascencio

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