Se réconcilier avec le temps

« Je n’ai pas le temps de réfléchir à ma stratégie, de recruter, de déléguer… » se lamente Rebecca lors de sa première séances de coaching.

« Je suis toujours en retard sur tout, c’est le bazar dans mon bureau et dans ma tête aussi » ironise Hélène qui se connaît si bien.

 « J’en fais trop, je finis toujours mes missions au bord de l’épuisement » s’auto-diagnostique Bruno sans pour autant parvenir à sortir du cercle vicieux.

Qu’ils procrastinent, pédalent la tête dans le guidon ou se grillent en sur-régime, le temps semble leur filer entre les doigts.

Lorsque l’on interroge les cadres sur leurs problèmes de temps, ils incriminent le plus souvent des causes externes : interruptions, entourage chronophage, surcharge structurelle, réunionite, déficiences de leurs collègues, environnement de travail peu propice à la concentration, etc. Si ces causes existent effectivement, l’analyse montre que dans la majorité des cas, les problèmes de temps proviennent en grande partie de nous-mêmes.

Tous partagent cette croyance que le temps est une ressource rare qui s’épuise et qu’il faut lutter pour en gagner. Lutter contre soi-même pour s’astreindre à optimiser son temps, lutter contre les autres qui font perdre du temps, lutter contre le Temps lui-même qui ne se laisse jamais mettre en conserve. C’est idéologie du Time Management qui réduit le Temps à une question technique oubliant sa dimension existentielle, identitaire et sociale.

Paradoxe: L’un des regrets les plus communément partagés dans les pays occidentaux est le manque de temps. Pourtant l’espérance de vie n’a jamais été aussi élevée et le temps de loisir aussi important : en moyenne, un individu dispose dans sa vie d’adulte de 300.000 heures « disponibles » (hors travail et hors sommeil), contre seulement 78.000 en 1920. Et pourtant, la majorité des gens affirment avoir l’impression de courir en permanence sans pour autant avoir le temps de faire ce qu’ils auraient à faire !

Puisque le temps est une question de perception, c’est un sujet pertinent à travailler en coaching. Si je transforme ma perception du temps, je peux sortir de mes comportements automatiques. Pour cela je vais identifier les moments où le temps devient mon ennemi, et prendre du recul afin de changer mon regard sur moi-même, sur les autres, sur les situations qui me mettent en stress/échec/incompétence.

L’intention du coaching : apprendre à passer du temps contraint au temps choisi, afin de reprendre la main sur sa vie.

L’enjeu pour Rebecca, Hélène ou Bruno est donc de modifier leur rapport au temps, autrement dit de laisser partir la croyance qu’ils devraient en gagner, mieux le gérer, l’optimiser c’est-à-dire qu’ils sont incompétents avec le temps. Se réconcilier avec le temps, en faire un soutien dans leur quotidien paraît plus intéressant et pérenne que de se barder d’outils et de matrices.

Certains, comme Rébecca, pensent qu’il faut justifier son existence sur Terre en se rendant utile : « je me démènesans cesse au service des autres, tout ce que je fais c’est pour les autres.» Elle éprouve un sentiment de surmenage qui vivre au désespoir car elle fait toujours passer les besoins des autres avant les siens. Pour trouver un meilleur équilibre dans sa vie, ce n’est pas de conseils ou d’outils dont elle a besoin, c’est de se débarrasser de son driver « fais plaisir ». Ce driver fait partie des 5 moteurs/motivations inconscientes identifiés par Eric Berne. Le fondateur de l’analyse transactionnelle explique qu’une grande partie de nos comportements résultent des stratégies que nous avons adoptées dès notre enfance pour répondre aux sollicitations familiales et nous faire aimer de notre entourage. Identifier son ou ses drivers est donc une première étape pour se réconcilier avec le temps et en faire un allié :

Fais plaisir : « j’aime bien que tout le monde soit content/rendre service », « je n’aime pas le conflit/j’ai peur du rejet », « j’ai besoin de me sentir utile/je déteste me sentir inutile », « le plus important c’est d’éviter de mettre les autres en difficultés »

  • Vous tenez d’abord compte des besoins des autres.
  • Vous avez besoin d’être apprécié et êtes prêt à faire des sacrifices pour cela.
  • Vous êtes reconnu comme serviable (mais à quel prix pour vous?)

Sois parfait : « on peut toujours améliorer », « il ne faut ne jamais être pris en défaut », « je n’ai pas le droit à l’erreur »

  • Vous avez du mal à considérer qu’un projet est fini
  • Vous tenez absolument à remplir chacun des critères de qualité que vous vous étiez fixés.
  • Vous êtes reconnu comme rigoureux (mais à quel prix pour vous?)

Arnaud, DAF dans un grand groupe, a été victime cette course infernale qu’il est parvenu à stopper le jour où il s’est vu vérifier lui-même les notes de frais de ses collaborateurs. Or une fusion en cours avec un autre groupe demandait toute son attention et sa disponibilité pour réussir ce rapprochement !

Sois fort : « si je veux, je peux », « rien n’est impossible », « je préfère me débrouiller tout seul », « je trouverai toujours le temps »

  • Vous tenez à assumer les responsabilités qui vous sont imparties.
  • Vous rechignez à demander de l’aide car vous y voyez un signe d’échec.
  • Vous êtes reconnu comme fiable (mais à quel prix pour vous?)

Hélène accepte beaucoup plus d’invitations Outlook plus qu’elle ne peut en traiter : « les sujets m’intéressent ou on me demande mon avis, alors ça me plait. Parfois même, je prends un énième sujet alors que je n’en ai pas les moyens et hop, c’est à nouveau chaos ». Ensuite, Hélène se retrouve incapable de faire face avec un sentiment d’échec.

Fais des efforts : « il faut souffrir pour réussir », « si c’est facile ça n’a pas de valeur », « c’est normal d’en baver pour atteindre son objectif »

  • Vous vous engagez volontiers dans l’action et ne lésinez pas sur vos efforts.
  • Vous persévérez sans relâche tant que le but n’est pas atteint.
  • Vous êtes reconnu comme de bonne volonté (mais à quel prix pour vous?)

Dépêche-toi : « pour être apprécié, je dois me dépêcher », « il faut aller vite pour réussir dans la vie », « ne jamais faire attendre les autres »

  • Vous vous efforcez de toujours travailler au mieux de votre productivité.
  • Vous savez accélérer face à l’urgence.
  • Vous êtes reconnu comme efficace (mais à quel prix pour vous?)

Pour que le temps devienne un véritable allié, il est donc essentiel de prendre du recul sur la façon dont nous occupons notre temps, de nous interroger sur notre motivation réelle à faire les choses et de reconsidérer sa relation au temps. L’accompagnement en toute sécurité permet d’oser affronter la peur du vide. Inconsciemment beaucoup de nos clients craignent de laisser du blanc, de l’espace dans leur agenda, de se sentir vide ou inutile. Et pour ceux qui sont déjà en chemin, voici 2 questions à vous poser lorsque vous doutez ou ressentez que vous êtes en train de perdre votre temps.

  • « Suis-je bien en train de faire ce que je dois faire ? »
  • « Au nom de quoi fais-je ce que je suis en train de faire ?
 Article co-écrit avec Chloé Ascencio

 

close

Newsletter

Abonnez-vous pour recevoir les dernières publications de Connecteam

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

Partager cet article

Facebook
Twitter
LinkedIn