Burn-Out : changer de lunettes

Le « burn-out » fait beaucoup parler de lui : dans les journaux, dans l’entreprise, entre collègues. Ce terme renvoie à la notion d’épuisement professionnel. Tout le monde connait au moins une personne touchée par cela.

Une question, à la volée, histoire de garder de la distance vis à vis de son utilisation :

Ce phénomène s’est-il amplifié au point d‘enfin être visible et donc identifiable et nommable en tant que « burn-out » ? Ou bien est-ce le contraire ? Est-ce l’utilisation du mot « burn-out » qui aurait facilité la propagation de ce phénomène ?

Inverser les termes de cette question présente un intérêt, celui de considérer le « burn-out » sous d’autres angles :

Son caractère « fourre-tout » empêche d’en voir les spécificités. Très (trop) souvent utilisé, le « burn-out » a finalement des contours assez flous :

  • d’abord les avis sont très partagés sur ce qu’est un « burn-out » : s’agit-il d’une maladie, et si oui, de quel genre? physique ou mentale? s’agit-il d’un élément constitutif d’une  dépression ou pas ?
  • ensuite, les signes du « burn-out » sont très nombreux, divers et peu fiables : anxiété, irritabilité, troubles de la mémoire et de l’attention, repli sur soi, troubles du sommeil et baisse de motivation.

Cet ensemble flou a, semble-t-il, permis d’étendre le concept de « burn-out » à toutes sortes de situations et de contextes ; par exemple une fatigue occasionnelle, un manque de motivation dans son job peuvent parfois, trop rapidement, être étiquetés comme un « burn-out » : Alice, responsable de la communication est épuisée et démotivée dans son travail. Lors du démarrage du coaching, sa directrice avance l’hypothèse d’un burn-out. Tout le monde semble d’accord avec ce diagnostic, comme rassuré d’avoir mis un mot sur le phénomène. Pour autant, la réunion a montré que son épuisement était plus lié au manque de visibilité dans son plan de charge, car ni elle ni son hiérarchique n’organisaient le travail. Toutes les deux subissaient le rythme et les contraintes venant de l’extérieur.

Il pose une étiquette qui enferme.De ce fait, une personne « déclarée ou se déclarant en burn-out » pourra se retrouver piégée par ce mot et les symptômes liés. En effet, elle pourra être amenée à décoder ses relations et ses comportements au travers des lunettes du « burn-out », de son répertoire de symptômes et de difficultés. De tels biais pourront aller jusqu’à renforcer le problème car les exceptions pouvant contredire le diagnostic seront écartées par la personne : quand je rencontre Alexandre, il est directeur des systèmes d’information dans une industrie en pleine transformation. Soumis à une très forte pression, il dort mal, s’énerve facilement et supporte mal les critiques. Il tente tout au long de notre entretien de me convaincre qu’il est en plein burn-out. Or, parler de burn-out dans son cas, l’empêche de voir aussi comment il s’épuise à essayer de contrôler cette transformation qui lui résiste, comment il nage à contre-courant de tous, sûr de sa vision du changement ou encore, combien les critiques sont en fait, des feedbacks visant à ouvrir d’autres pistes pour accompagner le changement dans l’entreprise.

Par ailleurs, dans le paysage du « burn-out » d’autres mots ont surgi dans l’entreprise et contribuent à renforcer un peu plus encore le flou de ses spécificités et le phénomène d’étiquette : le pré-burn-out et la charge mentale.

Banaliser le « burn-out », en méconnaitre les signes ou faire des amalgames empêche de se repérer dans l’évaluation d’une situation difficile, renforce le problème et peut éloigner de la recherche des solutions liées à l’organisation, au fonctionnement dans l’équipe ou encore à l’acquisition de compétences nouvelles .

Voir l’excellente  BD sur le burn-out : « Burn-out : quand le travail tue » dessinée et publiée sur le blog scientifique du Monde par Fiamma Luzzati

Lire la BD

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